Belle-ÎLE EST L’UNE DES NOMBREUSES PERLES DE LA BRETAGNE. EN EFFECTUER LE TOUR À PIED, EST UN EXCELLENT MOYEN DE FAIRE TRANQUILLEMENT CONNAISSANCE AVEC ELLE.
Quand j’aime un lieu, il m’est parfois difficile de me limiter dans l’usage des superlatifs. Dans le cas de Belle-île, ils sont d’après moi justifiés tant cet endroit offre au visiteur qui prend le temps de s’y poser, toute l’étendue de sa beauté encore sauvage, malgré la disparition de la lande boisée qui la recouvrait autrefois. Elle reste sauvage pour la beauté de ses criques et de ses plages, la rudesse de sa côté au vent ou encore les pentes abruptes et déchirées de ses falaises et de ses aiguilles.
Belle-île est la plus grande des îles bretonnes. Elle mesure 20 kilomètres de long sur neuf de large pour une superficie de 84 km². Elle est située au large du golfe du Morbihan et à 12 kilomètres de Quiberon. C’est généralement par cette ville que l’on rejoint en bateau le port du Palais, par l’une des rotations quotidiennes. Sauf en cas de très gros temps, il y en a cinq par jour au minimum, et jusqu’à 20 au cours de la saison estivale.
À Quiberon, vous laisserez votre véhicule sur l’un des parkings payants, et pourrez rejoindre l’embarcadère avec une navette. Ne cherchez pas à vous garer dans le centre ville. Les places sont toutes payantes et pour une durée limitée, voire très limitée. Garez plutôt votre véhicule dans le grand parking à l’entrée de la ville. Une fois à bord du bateau, comptez 45 minutes pour rejoindre Le Palais. Vous pouvez réserver et acheter votre trajet ici.
Pour effectuer la randonnée du tour de Belle-île de 80 kilomètres environ, je ne peux que vous conseiller d’éviter les périodes de vacances estivales. En hiver, l’île n’est habitée que par 5200 insulaires. En été cependant, ce nombre passe à 40 000, incluant une bonne partie de ceux qui y possèdent une résidence secondaire, soit plus de 5000 personnes. Impossible dans ces conditions à mon avis, de profiter pleinement de ce tour à pied.
Le meilleur compromis pour cela, ce sont sans doute les mois d’avril et de mai. Il commence à faire beau, bien que pas toujours chaud, les prairies sont en fleurs, et les randonneurs encore bien rares. Nous n’avons croisé que quelques personnes chaque jour, à l’exception des sites auxquels on accède également en voiture et qui, à cette période, ne sont pas non plus noirs de monde.
Au Palais, nous avions Isabelle et Thomas pour nous réserver un accueil chaleureux et nous héberger, mais si vous n’avez pas d’ami(e)s sur l’île, vous n’aurez aucun mal à trouver ce qui vous convient pour dormir et vous nourrir, surtout hors saison. Le site de l’office de tourisme propose les différentes possibilités de logements disponibles, incluant les campings. Isabelle et Thomas louent un appartement de deux chambres au Palais dont vous verrez le détail ici. Cette petite ville vaut qu’on s’y pose un peu, notamment pour son joli port, sa citadelle, ses maisons colorées ou encore son marché.
Impossible de vous perdre, le sentier côtier, logiquement, longe l’océan par le sentier de grande randonnée du tour de la Bretagne, le GR 340. Le parcours est donc indiqué par les couleurs rouge et blanche propres aux GR, mais pas seulement. Une borne en granite indique au niveau de chaque plage, ou de chaque crique, votre emplacement ainsi que le prochain lieu visité et la distance qui vous en sépare. Enfin, aux plus grands carrefours, vous trouverez des panneaux directionnels en bois ou en plastique, recyclé !
Attention cependant, on a beau être en bord de mer, le parcours n’est pas plat. S’il fait tous les deux ans la joie des participants au trail de Belle-Île, c’est justement que souvent, ça monte et ça descend ! Certes, la randonnée se fait sur le plateau, mais il faut cependant pour passer chaque crique, descendre au niveau de l’eau, puis remonter de l’autre côté. Au total, vous aurez gravi près de 1600 mètres de dénivelé positif en retrouvant votre point de départ.
Le tour est le plus souvent décrit en partant vers l’ouest avec Sauzon comme première étape. Avec mon amie, nous décidons cependant de randonner vers l’est, en raison d’une réservation d’hébergement faite à Sauzon justement, mais trois jours plus tard. C’est donc à vous de choisir, et quelle que soit l’option que vous retiendrez, vous en prendrez plein les yeux. Notre parcours n’est pas non plus classique pour ce qui est des étapes, puisque vous le verrez, nous avons choisi de nous arrêter les deux premiers jours, au gré de nos envies. C’est toujours mieux il me semble, quand on se garde un part d’imprévu.
Jour 1
Partis du Palais vers 10h30 après avoir acheté du pain frais et rempli nos gourdes, nous avons pris la direction de Locmaria. Le ciel est couvert, mais cela n’enlève rien à la beauté de cette randonnée qui commence. Les kilomètres défilent rapidement. Bien qu’il faille monter au passage de chaque crique, ou plage, le chemin de bonne qualité permet de maintenir une bonne allure.
2h30 plus tard, nous faisons une pause déjeuner à la pointe de Kerdonis, puis peu après, un arrêt pour un verre dans le village de Locmaria, à 17,5 kilomètres du Palais. Avec les arrêts, il nous a fallu tout juste cinq heures pour parvenir jusque là. Il est à peine 16 heures, et nous décidons de reprendre le chemin et de nous arrêter lorsque nous aurons trouvé un lieu adéquat pour monter la tente. Nous longeons la falaise, la végétation a par endroit laissé la place à des grandes étendues d’herbe rase, le vent est plus fort. Vers 18 heures et six kilomètres plus loin, nous décidons de nous installer à proximité de l’île de Bourhic, à quelques pas d’un grand troupeau de moutons. Le camping sauvage est interdit, alors on s’installe à la tombée du jour et on démonte au lever du soleil, emportant nos maigres déchets et ne laissant pas dernière la moindre trace.
Chiffres du jour : 23,5 km et 7h30 de marche, arrêts compris. Pas de dénivelé disponible, j’ai à deux reprises oublié de redémarrer ma montre.
Jour 2
Après un petit déjeuner qui allège relativement nos sac à dos, nous reprenons le chemin en bord de falaises. Pas un chat dans le coin, nous n’apercevons que par endroits quelques maisons, à bonne distance de nous.
Le vent est absent ce matin, le ciel se dégage un peu, l’air est encore frais. Le parcours lui, est accidenté. Après avoir parcouru presque cinq kilomètres en 2h30 de marche, nous posons nos sacs sur la plage d’Herlin. Nous passons un moment les pieds dans l’eau sur ce site quasiment désert.
Plus loin, je fais un crochet vers un hameau afin de remplir nos réserves d’eau. Pas une goutte sur le parcours. Pour remplir vos gourdes, il vous faudra faire de même, ou ne pas oublier cette étape le matin en quittant votre hébergement. Nous faisons notre pause déjeuner près des roches de Bornor. Les nuages ont quitté le ciel et le soleil nous accompagne, même si l’air reste frais. Nous avons parcouru 11,5 km en moins de quatre heures, et avons gravi plus de 390 mètres de dénivelé. Plus tard, nous buvons un verre après le passage de Port Goulphar, sur la côte sauvage, juste avant les aiguilles de Port-Coton. On y retrouve de nombreux touristes.
Le vent se lève dans l’après-midi. Quand nous parvenons au dessus de la magnifique plage de Port-Donnant, il fait frais, presque froid. On trouve une zone un peu protégée du vent par un petit talus et nous y montons la tente avant le coucher du soleil.
Chiffres du jour : 18,5 km et 6 heures de marche, 557 mètres de dénivelé positif.
Jour 3
La beauté de la lumière sur le paysage au réveil contraste avec le froid glacial qui a rendu difficile la sortie du sac de couchage. Le café instantané fait du bien, il réchauffe les mains et le corps.
Ce soir, nous dormons dans un lit après une douche chaude. L’Hôtel que nous avons réservé est sur la commune de Sauzon, dans les terres. La marche est ce matin plus magnifique encore, tant la lumière douce de printemps révèle le paysage. Une fois encore, nous somme seuls, cheminant tranquillement dans un silence total. On monte et on descend pas mal, certaines côtes cassent un peu les pattes.
Les kilomètres s’enchaînent, toujours en bord de falaises, parfois sur un sentier accidenté, ailleurs au milieu d’un paysage tout aussi plat que dénué du moindre buisson. Nous traversons par contre également, d’immenses champs de fleurs sauvages.
À huit kilomètres de notre dernier campement et après 2h40 de marche, nous quittons le sentier côtier au niveau de la grotte de l’Apothicairie. Nous empruntons alors la D40 pour rejoindre notre hôtel, Aux tamaris, situé à peine plus de deux kilomètres plus loin. On y dépose nos sacs, mais aussi nos déchets. Nous n’avions pas croisé une seule poubelle jusqu’alors. Nous partons alors courir en reprenant la même route, puis à nouveau le sentier côtier jusqu’au phare des Poulains, à la pointe nord-ouest de l’île. Nous mettons 50 minutes pour parcourir les sept kilomètres, et passons un moment sur les lieux pour admirer la vue. Le phare est construit sur une île rocheuses coupée du reste de belle-île lors des grandes marées. Nous y croisons là aussi quelques touristes.
Nous poursuivons notre marche sur le sentier côtier, cette fois face au continent. À notre gauche au loin, Quiberon que l’on devine plus qu’on ne distingue. Il nous fait moins de deux heures à faible allure (on profite du paysage), pour parcourir les cinq kilomètres qui nous séparent du bien joli port de Sauzon, puis faire la queue à l’Herminoise pour acheter une glace. Ce village de maisons blanches aux volets de couleur est classé parmi les plus beaux de France, et c’est largement mérité.
De là, nous rejoignons rapidement notre hôtel. Aux Tamaris mérite largement qu’on s’y arrête pour la nuit. Sylvaine et Jean-Michel sont particulièrement accueillants, et leur hôtel un endroit reposant, calme, et disposant d’une multitude de services et d’équipements. Nous avons surtout aimé le grand jardin, les chaises longues et les parasols, et la cuisine toute équipée à disposition des visiteurs. On peut donc y cuisiner, y stocker des produits frais, et même prendre une boisson à disposition. Il suffit alors de placer l’argent correspondant dans une boite. Et puis les chambres sont confortables et très propres, et le petit déjeuner bon et copieux. Nous y serions bien restés une semaine entière.
Chiffres du jour : 24,5 km et 6h30 de marche, 562 mètres de dénivelé positif.
Jour 4
Profitant de l’hôtel et trainant au petit déjeuner, nous ne quittons les lieux que vers 10h30. Le sentier contourne la longue lagune qui permet d’admirer Sauzon sous plusieurs angles. On a du mal à quitter des yeux ce village pittoresque.
Ce dernier tronçon est exigeant, avec de nombreuses criques à passer. Nous prenons notre temps, nous arrêtant parfois sur les plages bordant une eau bleue claire. L’océan est calme, le ciel sans nuages et le sentier toujours aussi beau, aussi sauvage.
Au Palais, ne reste plus qu’à prendre un verre avant le bateau qui nous ramène à Quiberon.
Chiffres du jour : 11,6 km et 3h55 de marche, 463 mètres de dénivelé positif.
Bonjour ! Merci pour ce récit de votre rando. Ça fait déjà un moment que j’ai envie de faire le tour de Belle-île et votre article et les photos m’en donne encore plus envie ! ^^
Je suis heureux de voir que « mon » caillou vous a plu!
L’île ne porte pas si mal que çà son nom !
Je note vos remarques qui rejoignent les miennes anciennes : pas de poubelle nulle part !
peu de point d’eau potable sur le parcours .
En d’autres cieux des antipodes ils savent protéger leur capital nature mieux que çà :
Aucun papier gras , aucun kleenex pipi ou autre , pisser sur un tronc d’arbre c’est sacrilège , les bâtons sont équipé de chaussettes caoutchouc et pas de pointes alu …
En « New-Zeland » on trouve de partout bien intégrées au paysages fabuleux ..
Des minis vespasiennes écolo ( capteur solaire , intérieur inox , parfaitement propres et entretenues …
Souvent un petit mot affiché : » je m’appelle Linda ou Maoki ou KIAORA et je peux venir rapidement s’il manque du papier ou du savon »
suivi du numéro portable .
Un autre monde …
Mais on peut s’améliorer …
D’ailleurs … on a bien fini par les battre ces All-Blacks !
Bonsoir Mérou, et merci pour ce retour d’un heureux du caillou !
Hâte de revenir chez vous pour y goûter l’air marin et les paysages splendides, mais toujours hors saisons, et avec ou sans nouvelles poubelles.
Portez-vous bien.
Renaud
je reviens de belle ile mi septembre, je confirme tout ce qui a été dit , magnifiques paysages mais beaucoup d’efforts physiques, on en prend plein les yeux et le cafard s’installe quand nous quittons cette ile.
Super récit. Ça donne envie de partir tout de suite ! Merci pour toute ces infos et ces photos.