Tour du Mont Blanc Six jours de rando-trail

Quand on est amoureux de grands espaces, et de surcroit un adepte du Trail, effectuer le tour du Mont Blanc devient rapidement un objectif à plus ou moins long terme.

Bien sûr, on pense alors UTMB, mais participer au plus célèbre des trails n’est pas à la portée de tous, et le parcours pour y prétendre souvent long et semé d’embûches. En attendant, en réaliser le tour en rando-trail, comme en randonnée tout court, est une expérience exceptionnelle. S’il s’agit là d’un des parcours de rando les plus fréquentés au monde, je n’ai jamais (l’ayant effectué à trois reprises), eu la sensation vraiment désagréable (à quelques courtes portions près) d’être gêné par le monde.

En courant, en marchant ou les deux ; en tente ou en gîtes ; avec un gros sac ou le strict minimum ; en portant sa nourriture ou en mangeant aux étapes, en version rapide (4 à 6 jours) ou en prenant son temps (jusqu’à 11 jours); les choix sont nombreux et chacun peut sans conteste y trouver son bonheur. Pour tous, des parcours variés dans trois pays, des panoramas spectaculaires, des moments loin de tout et de tous, plus de 150 kilomètres et pas loin de 10 000 m de dénivelé positif.

Tour du Mont Blanc, le parcours et le dénivelé
Tour du Mont Blanc, le parcours et le dénivelé

Sur les conseils de Nicolas Cerisier, notre coach de trail, Aliénor ma compagne et moi avons décidé d’en faire le tour en six jours avec un sac spécial course contenant le strict minimum. Pour ma part l’Ultrabag 20 L de Waa, utilisé lors du Marathon des sables et pour Aliénor, le Raidlight Ultra 30. Comme nous avions réservé les gîtes pour les nuits en demi pension, nous ne portions l’un comme l’autre qu’un sac complet qui ne dépassait pas 2,5 kilos. La liste de notre équipement se trouve en bas de cet article, dans la rubrique Pratique.

C’est à Chamonix que nous passons la dernière nuit avant le départ. Puis, au petit matin, nous partons nous garer au parking du Prarion sur la commune des Houches. Impossible en effet de trouver un parking gratuit sur Chamonix pour plusieurs jours alors que celui du Prarion, le parking officiel du tour du Mont Blanc, permet d’être stationné jusqu’à 15 jours sans débourser un centime. Et une fois là, le tracé du Tour passe juste au dessus. C’est parti.

JOUR 1 :

Les Houches – Refuge de Nant Borrant

Le tour du Mont Blanc offre de nombreuses variantes, et la première propose de monter au Col de Voza par le téléphérique du Prarion, et de commencer l’aventure une fois en haut. Pas de téléphérique pour nous, nous entamons la montée à bonne allure. Il s’agit de la principale difficulté de cette première étape, et nous sommes arrivés au sommet en moins d’1h30 et 650 m de D+, encore à ce stade frais comme des gardons. Puis c’est la descente vers Bionassay et la traversée d’une jolie forêt pour rejoindre Le Champel. Aux Contamines, nous quittons le sentier pour rejoindre le village, boire un verre en terrasse et acheter de quoi déjeuner. Nous nous arrêtons un peu plus loin en bord de rivière. Il fait un temps splendide, on prend notre temps.

Il nous reste ensuite un parcours en montée, assez raide sur la fin, jusqu’au refuge de Nant Borrant où nous allons passer la nuit. Nous y arrivons en début d’après-midi et profitons après la douche, des chaises longues installées sur la pelouse au soleil. On se régale au dîner d’une spécialité au fromage alors que l’orage gronde dehors. Avant de nous coucher, le ciel déverse des trombes d’eau et la température a chuté d’une dizaine de degrés.

Orage sur Nant Borrand
Chiffres du jour
 : 24,6 km, 1353 m de D+, 4h43.
Parcours Strava

JOUR 2 :

Nant Borrant – Maison vielle (Italie)

On quitte le gîte vers 8 heures sous un ciel chargé et quelques gouttes. La pluie se déchaîne lors de l’ascension de la Balme. Il pleut averse et nous devons nous arrêter pour nous changer et protéger nos sacs. La visibilité diminue vite, comme la température. Ce n’est encore rien, le vent glacial se lève et nous ne nous attardons pas en passant le col de la Croix du Bonhomme. Il y a sur place une minuscule cabane dans laquelle sont entassés plusieurs randonneurs, surpris par le froid.

On accélère dans la descente, désireux de rejoindre au plus vite le refuge en contrebas. Nous ne sommes pas les seuls. À l’intérieur, une soixantaine de personnes a pris place alors que sèchent dans chaque espace possible les vêtements trempés. Le sol est glissant, les vitres recouvertes de buée, dehors il pleut des trombes ! Cet arrêt est le bienvenu, mais retarde notre progression. Cette étape est la plus longue, et nous ne pouvons nous permettre des heures d’attente si nous voulons rejoindre notre gîte en Italie avant la nuit.

Pourtant, pas moyen de mettre le nez dehors tant les éléments se déchaînent. Ce n’est qu’au bout de près de quatre longues heures d’attente que nous parviendrons finalement à nous remettre en course. Nous arrivons vite aux Chapieux, où nous prenons la navette menant à la ville des Glaciers. On s’en serait volontiers passé, mais impossible de faire autrement, la journée étant déjà bien entamée et le parcours encore très long.

À partir du chalet des Mottets, on ne croisera plus un seul randonneur. On monte le Col de la Seigne sans trainer, profitons un instant du panorama qui s’offre à nous au passage de la frontière avec le sentiment d’être seuls au monde. On prend plaisir dans la descente, le paysage est magnifique, le ciel se dégage un peu, mais l’arrivée nous semble encore bien loin.

Aux environs du lac de Combal

La montée de l’Arp-Vielle supérieure fait mal aux pattes. Nous doublons une seule randonneuse de l’après-midi et entamons la descente. Ce n’est que peu avant le coucher du soleil que nous atteignons enfin le refuge de Maison vieille.

Chiffres du jour : 35,44 km, 2260 m de D+, 8h24.
Parcours Strava

Jour 3 :

Refuge Maison vieille (Italie)La Peule (Suisse)

Il fait très beau ce troisième matin. Une bonne nouvelle au regard de la longue étape qui nous attend aujourd’hui encore. La descente sur Courmayeur est agréable. On boit un verre en ville et on attaque la grosse montée vers le refuge Bertone.

Nous passons ensuite plusieurs heures au soleil, sur le plateau menant à la Lèche, au refuge Bonatti puis au refuge Elena. La vue sur le Mont Blanc est splendide, même si quelques nuages ont tendance à cacher son sommet.

Nous passons la frontière Italie-Suisse au Grand col Ferret, à 2537 m. Aliénor à pris de l’avance et je tire la langue sur les dernières centaines de mètres. Le sentier qui s’annonce est régulier et en descente jusqu’au gîte de la Peule où nous passerons la nuit. On trouve cependant la dernière heure assez longue, alternant toujours marche et course jusqu’au gîte où l’on s’offre une bière avant la douche.

Passage de la frontière suisse au Grand col Ferret
Passage de la frontière suisse au Grand col Ferret

Chiffres du jour : 30,84 km, 1911 m de D+, 8h02.
Parcours Strava

Jour 4 :

La Peule – Champex Lac (Suisse)

Nous voyons cette quatrième journée comme la journée de repos. À peine plus de 20 bornes pour 580 m de dénivelé, cela devrait aller. Aliénor veut prendre son temps, j’ai davantage envie de courir. Il fait encore un temps splendide et nos apprécions le paysage sur le chemin vers La Fouly.

A l'approche de la Fouly
Le sentier puis la route nous permettent de courir en déroulant dans la descente jusqu’au très joli village d’Issert. Il fait très chaud et nous remplissons nos flasques au Praz de Fort. Puis c’est la montée vers Champex, la plupart du temps à l’ombre des pins. Les paysages sont somptueux. J’ai pris un peu d’avance en arrivant au sommet. Ce soir on s’offre une nuit à l’hôtel Splendide. Il est classe et la vue du balcon donne envie d’y rester quelques jours. On descend profiter du lac, on fait quelques courses et on s’endort un peu plus tard que d’habitude.

Chiffres du jour : 22,15 km, 585 m de D+, 3h58.
Parcours Strava

Jour 5 :

Champex Lac (Suisse) Les écuries de Charamillon (France)

Au réveil, la pluie a repris possession du ciel. La vue du balcon est totalement bouchée et la journée s’annonce fraîche. La montée vers Bovine passe bien, nos jambes semblant s’être habituées à ces efforts réguliers. Les nuages encombrent le ciel, mais n’enlèvent rien à la beauté des paysages. On s’arrête souvent pour faire des photos.

Ciel encombré lors de la montée vers Bovine
Longtemps nous progresserons sans vraiment voir les montagnes entièrement, mais la pluie s’est arrêtée. A Trient où nous passons vers 13 heures, le soleil est de retour. Puis c’est la montée vers le col de Balme. On prend le mauvais chemin et notre parcours s’allonge. Nous sommes seuls sur les sentiers à l’exception de quelques vaches. Le brouillard s’avance. Nous passons le col dans la purée de pois. Il y a deux heures, le ciel était presque entièrement dégagé et il faisait beau. On dirait que l’hiver est arrivé d’un coup. Par endroit, on marche sur la neige. Il se remet à pleuvoir.

On fait une pause au refuge du Col de Balme. On y boit et on y mange, difficile d’en repartir. Dans la descente vers notre étape aux Écuries de Charamillon, on ne voit plus à 20 mètres. On progresse sans être vraiment sûr d’être sur le bon chemin. Les pistes de ski sont toutes proches mais impossible de les distinguer dans cette purée de pois. On pense s’être trompés de chemin et j’envisage d’appeler le gîte quand il apparaît soudain. Nous sommes les tous premiers. On choisit nos lits dans le dortoir, on prend notre temps sous la douche chaude, on profite du calme de l’endroit.

Chiffres du jour
 : 27,27 km, 1961 m de D+, 6h57.
Parcours Strava

Jour 6 :

Les écuries de Charamillon – Chamonix

Le soleil est de retour pour ce dernier jour. Le parcours est exceptionnel, le ciel dégagé sur les sommets environnants. Il fait vite très chaud. Quel contraste avec hier soir.

Il y a plus de monde sur le parcours, mais malgré cela, on en prend plein les yeux. On progresse ensemble jusqu’à midi puis Ali qui souhaite prendre son temps descend tranquillement vers Chamonix. Je décide pour ma part de monter au Col du lac Cornu, à 2400 m avant de la rejoindre. De Chamonix, rejoindre la parking du Prarion se fait facilement avec une liaison en bus qui part à quelques centaines de mètres de l’office du Tourisme.
On termine ce tour avec le sourire. Quel bain de nature exceptionnel. Nous avons bien d’autres parcours dans la tête, mais il n’est pas impossible que nous revenions traîner nos chaussures de trail par ici.

À faire, sans la moindre hésitation, mais avec de l’entraînement et un bon équipement !

Chiffres du jour : 27,2 km, 1564 m de D+, 7h20.
Parcours Strava


TOUR DU MONT BLANC, PRATIQUE :

GUIDE

Le topo-guide Tour du Mont-Blanc peut vous aider à définir votre parcours, sa durée et vos différentes étapes. Il présente le tracé en détails, la durée approximative entre les différentes localités, comme de nombreuses informations complémentaires sur la faune et la flore, la géologie, le patrimoine, la gastronomie…
Pour le commander, c’est ici.

CARTE :

La carte officielle produite par l’IGN est au 1/50 000. Ainsi, un cm sur la carte représente 500 m sur le terrain. Elle affiche autant le parcours officiel que les différentes variantes. Vous y trouverez également la grande majorité des gites, sur les trois pays.
Pour la commander, c’est ici.
Elle existe en format poche, utile, mais un peu plus ancienne. Elle est ici.

SITE OFFICIEL :

Le Tour du Mont-Blanc a son site. Disponible en cinq langues, vous y trouverez des informations sur le parcours, sur l’état des sentiers, sur la sécurité, mais surtout, sur les gîtes dans les trois pays. C’est là que vous pourrez réserver vos nuits. Et pratique, pour la plupart des hébergements, un calendrier affiche en vert les dates encore disponibles. Les gîtes sont généralement ouverts de juin à septembre. Ne traînez pas, à l’approche de l’été, les places partent vite. Le risque : des étapes bien plus longues que prévues entre deux hébergements. Comptez une cinquantaine d’euros par personne en demi-pension avec la nuit en dortoir, douche incluse ou en supplément. Le site indique clairement tous ces détails. Il est ici.

REPAS :

En raison de la distance parfois grande entre deux gîtes, il est préférable d’avoir dans votre sac votre déjeuner. Chaque gîte propose l’option pique-nique que vous pourrez commander en arrivant (ou lors de votre réservation en ligne). Si cependant vous avez fait le choix d’étapes courtes, vous pourrez déjeuner en arrivant. Pour les dîners, rien de tel que de les pendre en gîte. La cuisine est de qualité, les plats sont copieux et les prix raisonnables. À Champex, nous nous sommes offert un gros burger et une bière au bord de lac, sans regret !

ACHATS :

Le parcours du Tour du Mont Blanc emprunte des chemins d’altitude, et les possibilités de faire des achats sur le parcours sont rares. Les gîtes proposent quelques en-cas, mais assurez vous d’avoir ce qu’il vous faut au moment du départ. Vous pourrez cependant trouver aux Contamines (en faisant un détour d’une dizaine de minutes), à Courmayeur en Italie et à La Fouly, puis Champex-Lac en Suisse, supermarchés et pharmacies.

BUDGET :

La formule la plus économique revient à camper et prendre vos repas avec ce que vous aurez mis dans votre sac. Dans ce cas, vous pouvez faire le tour sans dépenser un centime, mais devrez porter un sac contenant votre tente, votre sac de couchage, un matelas, et la nourriture pour plusieurs jours. Pas question de courir dans ce cas, mais pour ceux qui souhaitent ne rien dépenser, c’est tout à fait possible. Attention cependant, il n’est pas envisageable de camper partout et cela peut être contraignant si vous êtes fatigué, et n’aspirez qu’à vous poser enfin. En dépensant un peu, vous pourrez commander vos pique-nique dans les gîtes et même y prendre certains repas. Vous pourrez aussi y prendre une douche pour environ 5€ par personne.

Avec la formule que nous avions choisi, en réservant les gîtes en demi-pension et en ne portant que le strict minimum, il faut prévoir de 50 à 65€ par jour et par personne. La différence dépend du prix du gîte, des boissons que vous ajoutez au prix de base et aux pique-niques que vous choisissez de prendre ou non.

Ainsi, pour deux et pour six jours tout compris, nous avons dépensé un peu plus de 700€.
S’y ajoute les 80€ de notre nuit à Chamonix avant le départ et bien sûr le transport depuis et vers notre domicile à Bou, près d’Orléans.
L’aventure et le plaisir qu’elle procure vaut à mon sens bien ce prix là.

MéTéO :

Même si la saison estivale réserve le plus souvent des journées magnifiques ou shorts et T-shirts sont de rigueur, n’oubliez pas qu’en montagne la météo peut vite changer. Ainsi, prendre le départ sans avoir dans votre sac des vêtements d’hiver ne serait absolument pas raisonnable. En plein mois d’août, nous avons le même jour porté nos affaires estivales puis plus tard, nos vêtements longs, nos gants et nos bonnets, et n’avions par endroits je le rappelle, qu’une visibilité de quelques mètres.

ÉQUIPEMENt :

Pour chacun de nous :
un drap en soie pour les nuits en gîtes (les couvertures sont fournies)
deux T-shirts thermiques manches courtes,
un à manches longues pour les journées,
un autre à manches longues pour le soir,
un pull thermique léger,
une veste Salomon,
un blouson chaud et très léger (pour moi la Ghost Whisperer de Mountain Wear),
un collant,
deux shorts,
quatre paires de chaussettes,
une paire de gants,
trois buffs,
une casquette et des sous vêtements.
En plus de cela, une paire de bâtons télescopiques, une mini trousse de toilette, deux flasques ou bidons, un téléphone portable et quelques barres énergétiques.

J’insiste (vraiment) sur l’importance d’avoir avec soi les éléments suivants, et ce quelle que soit la durée prévue pour votre aventure :
– Lunettes de soleil
– Crème solaire et baume à lèvre
– Veste imperméable
– Gants et grosses chaussettes
– Un bonnet et une casquette
– De (très) bonnes chaussures de marche ou de trail !

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