Parmi les endroits que je préfère dans le monde, ces deux-là figurent dans le trio de tête, avec un peu d’avance pour la Laguna Colorada.
Ces deux lieux semblent hors du temps, comme si l’on était soudainement projeté dans un autre monde. Pourtant, c’est bien chez nous, sur la terre et dans la nature qui nous réservent souvent des surprises à couper le souffle. Il serait plus que dommage de passer à côté.
Le Salar d’Uyuni
Bien que j’aie toujours trouvé déprimant les grands espaces vides et plats comme ceux de la Beauce, les déserts de sel, malgré leur platitude, exercent sur moi une véritable fascination. Rien de très original, il est plus que probable que c’est aussi l’effet que cela a produit sur vous, si vous y êtes rendu, ou produira si vous l’envisagez. J’avais déjà connu cette sensation en Australie, en découvrant le lac Eyre, lors d’une traversée ouest-est du pays en vtt. Ce lac, que les Aborigènes nomment Kati-Thanda, est le plus grand lac salé du continent océanien et, avec 9 300 km², juste un peu plus petit que le Salar d’Uyuni. J’avais trouvé ce désert de sel, de surcroit situé en plein désert de sable, absolument époustouflant.
Il en fût de même au Salar d’Uyuni, situé dans la région de sud Lipez, au sud ouest de la Bolivie. C’est un de ces endroits où vous pourriez souhaiter vous adonner à la pratique de la seule contemplation. Dans votre 4×4, vous pouvez rouler des heures durant sur la croute de sel sans horizon. Si vous êtes sur place un jour de ciel sans nuages, vous aurez alors un ciel d’un bleu intense sur un blanc parfait.
À 3 650 mètres d’altitude, sur une superficie de 10 582 km² et avec des dimensions de 150 km sur 10, le Salar d’Uyuni, plus grand désert de sel au monde, va très probablement vous éblouir vous aussi. C’est loin d’être un paradis pour tout le monde. Les ouvriers qui exploitent le sel travaillent dans des conditions extrêmement difficiles et avec une paye ridicule, tout comme ceux qui exploitent les réserves de lithium qui représentent 1/3 de ce que la Terre a à nous offrir. Le vent fait oublier à quel point le soleil peut être dangereux, quand en hiver la température peut descendre à -25°.
Sur l’île d’Incahuasi, posée sur le Salar, vous découvrirez un panorama exceptionnel et ses immenses cactus dont les plus grands atteignent environ quatre mètres et auraient 1 200 ans.
Il arrive qu’elle devienne, en particulier entre décembre et mars, une véritable île quand l’eau recouvre la croute de sel par endroits épaisse de 120 mètres.Pourtant, si le Salar est à lui seul une bonne raison de venir dans le sud de la Bolivie, il serait dommage de faire l’impasse sur les sites naturels qui ponctuent la route menant à la frontière chilienne. Généralement, une fois à Uyuni, on vous proposera aussi des circuits de trois jours, incluant le cimetière des locomotives et le Salar sur la première journée.
Réalisé en 4×4, ce parcours vous permettra de découvrir d’autres lieux d’exception, sans pour autant trainer. Si vous aurez l’occasion de flâner sur certains, il est fort à parier que vous survolerez certains autres qui pourtant, mériteraient largement un arrêt de quelques heures. C’est d’autant plus vrai si le dernier jour, votre chauffeur a pris du retard alors qu’il doit ensuite en une fois faire la totalité de la route en sens inverse.
Vous dormirez en refuge avec un confort sommaire pour entamer le second jour, la très belle route menant à la Laguna Colorada, à 4 278m d’altitude.
La Laguna Colorada
Il s’agit là pour moi du plus bel endroit que j’ai eu la chance de découvrir. D’abords parce que si l’impression d’être seul au monde est rare au Salar, tant il est probable que vous croiserez des dizaines (centaines) de véhicules, elle revêt ici toute sa signification. Par ailleurs, l’impression de froid ressenti est le plus souvent très forte, tant le vent peut être violent.
Pourtant, et surtout si vous êtes bien équipés, vous pourriez bien comme moi, souhaiter ne jamais en partir. La couleur rouge du lac due au phytoplancton qui réagit à la lumière, les flamands des Andes (Phoenicoparrus andinus) qui le ponctuent par endroits et les montagnes environnantes partiellement recouvertes de neige font tout simplement de ce lieu un véritable joyau. Le soir au refuge tout proche, la température chutait à -25°. Nous étions frigorifiés avant de nous plonger dans nos sacs de couchage, pour ma part gardant mon bonnet, rassemblés autour du poêle qui dispensait un soupçon de chaleur pas désagréable.
Le troisième jour vous mènera aux geysers de Sol de la Mañana, à 4 850 m d’altitude.
Puis vous en prendrez une fois encore plein les yeux en découvrant les laguna blanca et verde avant de rejoindre le poste de Hito Cajon à la frontière chilienne. Si vous reprenez la route vers Uyuni, votre trajet durera une journée de plus. Cependant si c’est ici que s’achève votre excursion bolivienne, vous monterez dans un petit bus qui vous conduira à San Pedro de Atacama au Chili.
Un trajet presque en roue libre puisque en 47 kilomètres, vous descendrez 2 000 mètres de dénivelé pour vous retrouver à nouveau sur une autre planète, à l’entrée du désert le plus sec de la planète, mais cela c’est une autre histoire.
À savoir :
- Uyuni est facile d’accès en car depuis la capitale bolivienne, La Paz. Comptez une petite douzaine d’heures en car pour une quinzaine d’euros. Vous passerez le plus souvent la nuit sur la route, et dans ces cars, on dort très bien. Plus de renseignements ici. Si vous venez du Chili, de San Pedro de Atacama vous êtes tout près de la frontière, et les agences qui proposent ce tour dans l’autre sens ne manquent pas.
- Si Uyuni est le point de départ de la majorité des excursions, et donc du plus grand nombre de touristes, il est plus judicieux de prendre un peu de temps afin de partir de Tupiza. Cette dernière commune, située à 4 heures de route au sud-est d’Uyuni vous permet d’entamer votre trajet sans être au milieu d’un troupeau de véhicules. Quel que soit votre choix, prenez le temps de discuter et de poser toutes les questions nécessaires sur le trajet, le chauffeur, le véhicule et son état, le nombre de personnes à bord, la nourriture, les nuits en refuge et assurez-vous à l’avance qu’on vous donne suffisamment d’eau pour chaque jour.
- N’entamez ce circuit que si vous êtes bien équipés. Il vous faut obligatoirement de la crème solaire, des lunettes de soleil, une lampe frontale des gants, des chaussettes et un bonnet (très) chauds, un très bon blouson, pour moi le « Ghost Whisperer » de « Mountain Hardwear » dont j’ai acheté il y a quelques mois le nouveau modèle, plus léger et plus chaud encore.
- Pour la nuit, il vous faudra un excellent sac de couchage. Je voyage pour ma part dans ces conditions avec un duvet en plume, très léger et peu volumineux. Cela aussi coûte un bras, mais avec lui, vous pourriez bien être le seul ou la seule à dormir comme un loir. Et n’oubliez pas vos batteries de rechange, et/ou une station de recharge que vous conserverez au chaud. Exposés en plein froid, vos batteries ne tiendront pas longtemps.
- Assurez-vous enfin d’avoir un bon appareil photo. Si ce n’est pas le cas achetez-en un, faites-moi confiance, vous pourriez sinon le regretter longtemps (toujours).
De précieux conseils, de Magnifiques photos qui ne donnent qu une seule envie : Y ALLER bien vite!
Oui Marie parfois le plus dur, c’est d’avoir à patienter.
Et s’il y a une soirée photos à votre retour, je veux bien en être afin d’avoir vos impressions !!
Je ne connaissais pas ces photos, et ce renard…
Cela donne bien envie.
Merci pour ce partage éclairé et intimiste… comme toujours les photos sont superbes…cela donne clairement envie…
Merci Virginie !
Merci pour ces images spectaculaires, et photos de grande qualité. J’ai aimé « voyager devant mon ecran », mais c’est une première étape … Car vous m’avez maintenant donné envie d’y aller !!!
Merci Céline et bonne journée !